mercredi 6 janvier 2010

Ressource: Observatoire des sondages


Observatoire des sondages



Pourquoi ?

Les sondages sont censés exprimer l’opinion publique. Quand celle-ci est sinon souveraine du moins obsessionnellement invoquée, il faut bien s’interroger sur la nécessité d’un contrôle. La croyance optimiste en un progrès indéfini est paresseuse. Elle est pourtant à l’œuvre dans la célébration d’une sorte de démocratie immédiate voire directe qui s’exercerait grâce aux sondages. S’il est quelques raisons de ne pas exclure par principe des progrès techniques, il en est d’autres qui mettent sérieusement en doute une augmentation de leur fiabilité. Leur place croissante dans les luttes politiques favorise par ailleurs des usages manipulatoires contre lesquels il serait très optimiste d’imaginer que la clairvoyance du public est un solide antidote.

La question du contrôle des sondages a d’abord été posée comme un risque policier qui a amené les pionniers à récuser toute idée de contrôle officiel. Dans leur répugnance, le souci d’indépendance se mêlait à un intérêt économique bien compris. Quand des instances de contrôle légal ont été instituées comme en France avec la Commission des sondages, leur rôle a été soigneusement limité et de toute façon contesté dès qu’il s’exerçait réellement.

La confiance dans les mécanismes d’autocontrôle par le marché dont les sondeurs se réclament toujours est-elle suffisante ?

Le débat dépasse largement les seuls sondages. Il faut un mélange paradoxal et banal de naïveté et d’intéressement pour soutenir que les sondeurs sont contraints – sans parler même des trucages – à bien faire leur travail pour ne pas perdre la confiance de leurs clients. Comme en d’autres domaines, la croissance du secteur d’activités est un facteur de baisse de la qualité.

Par ailleurs, au-delà du contrôle strictement technique, l’autocontrôle et le contrôle réciproque n’examinent guère les usages des sondages.

L’invocation d’une sorte de sagesse ordinaire ou de compétence spontanée des citoyens est commode mais démentie à la fois par l’ignorance commune sur la technique et la propension très compréhensible à apprécier la valeur des sondages au regard de ses désirs : mauvais s’ils contrarient, bons s’ils satisfont. Le piège le plus efficace des sondages est bien de les prendre au sérieux en fonction de leur utilité tactique ou psychologique et non de leur fiabilité.

Un contrôle scientifique irrégulier a parfois alimenté la polémique. Il est cependant trop peu soutenu pour limiter les dérives productivistes et manipulatoires des sondages. Les scientifiques ont le devoir d’exercer une vigilance épistémologique et critique à la fois sur les sondages et sur leurs usages. Ils sont aussi concernés parce que les sondeurs invoquent une autorité scientifique qui met en jeu leur propre crédit. Ils ne sont ni les praticiens ni les bénéficiaires de cette activité économique et politique mais ils en subissent aussi les effets.

L’Observatoire des sondages exerce une veille scientifique sur les différentes facettes des sondages, non seulement les aspects méthodologiques des enquêtes et des statistiques mais aussi sur leur publication, leurs usages confidentiels et les commentaires politologiques ou journalistiques qui en sont faits quotidiennement.



Qui sommes nous ?

Rédaction : Alain Garrigou, Richard Brousse.

Comité scientifique de l’Observatoire des sondages

* Patrick Champagne, Chargé de recherches au Centre de sociologie européenne (CNRS/EHESS).

* Alain Garrigou, professeur de science politique, Université de Paris Ouest-Nanterre.

* Daniel Gaxie, professeur de science politique, Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne).

* Bernard Lacroix, professeur de science politique, Université de Paris Ouest-Nanterre.

* Patrick Lehingue, professeur de science politique, Université de Picardie Jules Verne.

Webmestre : Richard Brousse
http://observatoire-des-sondages.org

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