La cause des « sans »
Sans-papiers, sans-logis, sans-emploi à l’épreuve des médias
Préface de Jacques Gerstlé
P/U/Rennes
2013
Table des matières (Fichier pdf, 719 Ko)
Présentation de l'éditeur
Au
cœur
des années 1990, un phénomène intriguant s’est produit
:
les médias, et singulièrement la télévision, habituellement sourds
aux mobilisations «
d’exclus
», s’en sont subitement emparé, pour
s’en détourner ensuite presque complètement. Quelques unes de ces protestations allaient rester dans les mémoires, comme le mouvement des sans-logis
de la rue du Dragon à l’hiver 1994-1995, le mouvement des sans-papiers de
Saint-Bernard à l’été 1996, le mouvement pétitionnaire contre la loi Debré sur
l’immigration début 1997, ou encore le mouvement des chômeurs à l’hiver
1997-1998.
À travers le cas des journaux télévisés, cet ouvrage retrace la manière dont
les médias français ont rendu compte des mobilisations en faveur des «
sans
»
:
sans logement, sans papier, sans emploi. Il comble ce faisant un angle mort de
la recherche sociologique française, en exposant ce qui se joue à l’interface du
monde des médias et de celui des mouvements sociaux
: à quelles conditions, et
dans quelle mesure, les rencontres entre journalistes et porte-parole des groupes
mobilisés sont-elles possibles
? comment ces causes sont-elles (re)traduites sous
l’effet de leur médiatisation
?
Il s’appuie pour ce faire sur un travail d’enquête fondé sur de l’exploitation
de sources d’archives de l’INA et d’entretiens réalisés auprès des principales
figures du mouvement des «
sans
» et des journalistes de TF1 et France
2.
En confrontant plusieurs cas d’études, il propose de décrypter et restituer les
contraintes, opportunités et raisons d’agir des acteurs, en les replaçant dans
le cadre de mécanismes plus globaux par lesquels un emballement médiatique pour ces causes peut s’amorcer et durer, en raison des «
affaires
» ou
des «
controverses
» auxquelles les mobilisations donnent lieu au sein de
l’arène publique. Au-delà est mis en perspective l’impact des transformations
contemporaines du référentiel de la «
nouvelle question sociale
», qui offrent
des opportunités variables aux groupes cherchant à politiser «
l’exclusion
» via
un usage offensif de la rhétorique des droits sociaux.
Cette analyse montre la nécessité de relativiser la thèse, principalement
nord-américaine, qui tend à réifier la position conservatrice des médias grand
public, indifférents aux mobilisations contestataires hors-système, portées par
des groupes qui seraient forcément handicapés par leur faibles ressources, leur
radicalité politique ou la dimension contre-culturelle de leurs demandes.
Titulaire d’un doctorat en science politique, Guillaume Garcia
est chargé d’études au Centre de données socio-politiques (Sciences
Po/CNRS, UMS 828), où il coordonne les activités de beQuali, la banque
d’enquêtes qualitatives en sciences sociales.
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